Jared Léonski [Terminée]

« Voilà comment tout se termine.. ».
Le jeune homme déposa sa lettre soigneusement sur la table, avant de s'éclipser pas la grande porte sous une nuit d'automne. Il pensait que cela serait mieux pour tout le monde. La meilleur des décisions à prendre. Pour lui. Pour sa prétendu famille. Pour son avenir. C'est ainsi qu'il quitta définitivement le domicile familiale chamboulé par des milliers de souvenirs qu'il se contentait de laisser de côté.
La vie de Jared Léonski n'a jamais été de tout repos. Dés la naissance, il s'est fait bercer en compagnie de son frère par des domestiques pour remplacer leur multiples belles-mères qui s'échappaient régulièrement de cette villa sans cesse surveiller par des photographes. Il n'avait jamais voulu de cette vie, son frère non plus. Être le fils d'une célébrité qui ne se gênait pas pour faire parler d'elle dans les journaux à scandales. Leur fameux père : Aleksander Léonski, le plus connu des acteurs anglo-polonais. Toute l'enfance de Jared a été surveillé par des appareils numériques, des caméras, des espions, des pseudos-amis, tout ça par la faute du statut de son père. Durant ces années de primaires, il ne souciait jamais de cela car il n'était qu'un enfant vulnérable et ignorant. Cependant qu'il se posait des questions sur sa vraie mère. Qui était-elle ? Que faisait-elle maintenant ? Où était-elle ? Il n'hésitait pas à aller voir son père pour en savoir plus mais ce fut un échec à chacune de ses tentatives. Les seules paroles qu'il entendait de son père étaient :

« - Oublies ça mon petit. Oublies là. »

Mais Jared n'aimait pas s'avouer vaincu. A son adolescence, ses changements de mentalité commencèrent à se voir davantage et des tensions apparaissaient entre lui et sa nouvelle belle-mère. Des cris résonnaient dans la villa, ce qui n'échappait pas aux journalistes près des remparts. Cela dura 1 semaine avant que la jeune femme plie bagage et s'en aille en méprisant Jared à travers les magazines. Aussitôt, il a été le sujet principale de toute la presse poubelle. « Le fils d'Alksander Léonski se rebelle, l'ex de ce dernier pense qu'il aurait des problèmes psychologiques liés à l'absence de sa véritable mère ». Encore une fois, Jared méprisait ces journaux qui considérait les stars comme des animaux en cage. Seulement lui n'était pas une star, mais il vivait sous l'ombre de père et ça il ne le supportait pas. Des années à endurer, malgré lui, une célébrité imposée, un père totalement stupide et prétentieux, un frère ignorant. De père en fils, pensa Jared. Ils étaient quasiment semblables, et Jared se sentait alors comme l'intrus de la famille. Celui qui n'aurait jamais du naître en tant que jumeau. Qui aurait du laisser son frère en tant que fils unique. Ce mal-être commençait à grimper dans tous son être au fil des mois, et plus il y pensait plus il se renfermait dans une bulle imaginaire.
Un beau matin, il se promenait dans une zone isolée de son jardin jusqu'à ce qu'il aperçoit une boite mystérieuse qu'il lui était étrangement familière, alors qu'il n'avait aucun souvenir de l'avoir vu auparavant, quelqu'un avait du la déposer à cet endroit. Elle lui était destinée, ses cours de grecques l'aidait à déchiffrait rapidement les inscriptions. Une matière qui lui faisait oublier sa dyslexie commune avec son frère. En ouvrant la boite, il découvrit des objets comme des armes, un bracelet ancien, diverses fleures telle qu'une rose parfaite, une fleur de myrte, ainsi que des copeaux de bois. S'ajoutait à cela une ceinture somptueuse incrustée de minuscules diamants. Et pour finir, une simple lettre avec des inscriptions en grecque une nouvelle fois. Sous le calme matinal de la journée, Jared déplia la lettre et déchiffra facilement ce qu'il y était d'écrit. Cela venait de sa mère, de sa fameuse mère. La seule, la véritable. Il put comprendre à travers cette lettre que lui et son frère avait été une erreur de jeunesse. Jared déglutit face à cette révélation mais resta encore bien calme. Il respira profondément et continua sa lecture. Il ne s'était pas demandé une seule fois pourquoi cela était inscrit en grecque ancien, à vrai dire ça l'importait. Elle lui disait qu'il était spécial et qu'il ne tarderait pas à s'en rendre compte, que tous ces objets lui serviront davantage dans la suite des événements, qu'il devait les garder sur lui sans arrêt et ne jamais les perdre. Et à la fin, qu'il devait parler à son père car il en savait plus que lui mais refusait de l'assumer. Il termina sa lettre avec une pointe de doute mélangé à de l'incompréhension. Il ne saisissait pas tout. Mais si son père savait des choses alors il se devait d'avoir une nouvelle conversation avec lui.
La villa était calme comme à son habitude, et Jared, avec la boite entre les mains, enjamba les marches deux à deux sans se soucier du bruit qu'il ferait. Son frère avait mis sa musique à un volume beaucoup trop haut au goût de celui-ci. Ouvrant sa porte il lui suggéra de la baisser pour le bien-être de son audition.

- Ouais ouais.. Répondit-il d'un air absent. T'as quoi dans les mains dis moi ?
- Ça.. Rien, oublies ! Où est papa ? Lui demanda calmement Jared.
- Dans sa sieste donc à ne pas déranger logiquement !
- Comme si je me souciais de son sommeille..

Il ferma la porte d'un geste brusque et nerveux puis s'aventura au fond du couloir où se trouvait la chambre du « Paternel » comme il avait souvent l'habitude de dire au sens péjoratif. Son père faisait bien sa sieste sur son lit, les couvertures dans tous les sens et une odeur prenante de cigarettes qui donna aussitôt la nausée à Jared.

- Papa ! Faut qu'on parle ! S'exclama ce dernier.
- Quoi.. Jared.. Non je dors là ! Gémit-il sous son coussin.
- Tu parles en dormant, c'est drôle ça ! Et là t'as vraiment intérêt à me dire QUI EST MA MERE !

Le père fut interloqué par une telle détermination de la part de son fils. Il se résolut enfin à sortir du lit et observa son fils d'une autre façon, comme si il venait d'apprendre d'une certaine manière qui elle était. Et la boite qu'il tenait dans ses mains le mettait en alerte. Il savait..

- Merde... Murmura son père.
- Je crois que tu n'as pas le choix
- Ce n'est pas à moi de te le dire, mais à toi seul de le deviner.
- Deviner quoi ?! J'en peux plus de ces devinettes stupides, je les ai gobé étant petit mais là je suis à bout !
- La vérité...

[size15]J[/size]ared allait répliquer lorsque son frère entra en trompe dans la chambre et fixa en tout premier la boite mystérieuse de son double. A lui aussi, cette dernière lui était familière et chaque détail retenait son attention.

- Cette boite me dit quelque chose.. Nota évidemment son frère.
- Qu'est-ce que tu viens faire ici Jan ?! Je discute avec Papa !
- Qu'est-ce qu'il y a dans la boite ?
- Rien ! Absolument rien, maintenant ce que je voudrais c'est que tu sorte de là !
- Je sortirais pas avant d'avoir vu ce qu'il y a dans cette boite !

Jan s'approcha de lui en tentant de percer le mystère de cette boite qui retenait toute son attention. Jared, lui, reculait suppliant son double de sortir une bonne fois pour toute. Il protégeait comme il pouvait la boite mais Jan était trop intrigué par cette objet. Ce qui provoquait un terrible déséquilibre dans la situation. Sentant le mur percuter contre son dos, Jared ferma les yeux sous un effort considérable et imagina inconsciemment une immense lumière écarlate, il ne savait pas d'où il imaginait cela ni pourquoi il l'imaginait. Un silence prit place dans la chambre. Les pas de son frère semblait s'être arrêté et le grincement naturel du sommier se fit entendre aux oreilles de Jared.

- Jared.. Ouvre les yeux

Il s'exécuta difficilement, ouvrant chacun de ses yeux d'un air hésitant, et fut aussitôt aveuglé par une lumière éclatante. Comme celle qu'il avait imaginé : l'immense lumière écarlate. Il venait de créer une barrière de lumière entre lui et son frère. Une barrière qu'il pouvait recréer par la force de sa pensée. Son frère se risqua à passer sa main à travers, mais il ne sentit rien, aucune sensation, comme s'il s'agissait d'une simple illusion. Une illusion..
Et à partir de ce moment là, tout se bouscula dans la tête de Jared. Il réitéra l'expérience à de multiples reprises jusqu'à comprendre logiquement qu'il pouvait créer l'illusion autour de lui. N'importe quoi : Rendre l'herbe plus verte, changer la couleur de la piscine. Observer les étoiles du plafond de sa chambre, il ne cherchait pas à savoir d'où ce pouvoir provenait. Quant à son père, il refusait toujours de lui dire ce qui lui arrivait, ce qui se tramait. Un soir, il leur annonça qu'il les enverrait, lui et Jan, dans une colonie pour l'année entière, il leur disait que cela serait mieux pour eux. Mais Jared pensait surtout « pour lui », car il savait qu'au fond de lui, son père n'était qu'un pur égoïste. La dispute éclata entre le père et le fils. Jared refusait d'y aller prétextant que son père avait toujours essayé de se débarrasser d'eux à commencer par l'internat privé durant leur enfance, en passant par toutes ses demandes d'universités après le lycée. Il craquait. Il était à bout comme toujours. Mais là, l'engueulade prit une tournure plus douloureuse, avec des mots que Jared n'aurait pas penser dire un jour : Cette célébrité stupide, ses nouvelles mères qui l'insupportaient et qui s'éclipsait aussi vite que la lumière, cette mère encore inconnue, le caractère désésperant et irresponsable de son père. Il se sentait bien de tout dire, de tout déballer, d'un seul coup. Et son frère n'osait rien dire, ce qui n'était pas nouveau de sa part. A la fin, lorsqu'il constata que son père était à bout lui aussi, il reposa sa question qu'il avait probablement du poser des milliers de fois.

« - Qui. Est. Ma. Mère ?! »

Et encore une fois, il ne put répondre que par sous-entendus, ce que Jared ne supportait plus. Il quitta le salon et s'enferma dans sa chambre méditant aux différentes solutions qui s'offraient à lui. Cette villa l'étouffait, ces paparazzis l'étouffaient, son père l'étouffait, sa famille l'étouffait, cette foutue vie l'étouffait. Il prit alors le premier sac qui lui tombait sous la main et la remplit de tout ce qu'il voyait, ses tee-shirts, ses baggys, ses chaussures, quelques gilets, les armes de la boite, la lettre, les objets, laissant la rose à contre-cœur. Il récupéra ensuite un papier à lettre ainsi qu'un stylo et mit ses connaissances de grecque ancien à travers la lettre pour dire qu'il partait définitivement. Les deux venaient de se coucher et Jared profita de cette occasion pour sortir de sa chambre avec son sac à dos, sa petite valise à la main, son rat de compagnie qu'il avait gardait soigneusement dans sa cage et sa propre carte de crédit qui contenait 1/3 de la fortune de son père. Il ne manquerait à personne, de toute manière. Excepté peut-être son frère qui ne tarderait pas à se rendre compte de son absence et à le harceler par pensée puisqu'ils communiquaient ensemble. Maintenant, il devait savoir qui était sa mère, quel sens avait sa vie, qui était-il lui-même..

« Voilà comment tout se termine »

Depuis cette fugue, Jared a sillonné toute l'Angleterre, en évitant le regard de tous les passants qui seraient susceptibles de le reconnaître. Il a vagabondé d'hôtels en hôtels et s'est très vite lassé de ce pays, de plus, il n'a obtenu aucune piste de sa mère. Il se sent vulnérable dans ce monde, il n'a personne avec qui parler de tout ça, de ce qu'il est capable de faire, de toutes ces armes mystérieuses, des origines de sa mère. Elle a dit dans sa lettre que lui et son frère avait été de simples erreurs de naissance mais qu'elle devait, après tout, les accepter comme ses fils. Elle se devait de s'y attacher. Jared ne croyait qu'en ça. Qu'en cette lettre qui était la seul piste de sa mère. Plusieurs fois, cette dernière faisait allusion à une ville en Amérique, il a fallut à Jared plus d'une semaine pour comprendre qu'il s'agissait de New-York. Les hauts buildings, les rues mal fréquentes, les quartiers particuliers, les boutiques de modes, et autres détails. Sur tout ce qu'il apprenait de cette lettre, il prit la seconde décision de quitter son pays et découvrir l'Amérique, guettant la présence de son frère qui s'était mis à sa recherche. Il s'apprête maintenant à prendre l'avion pour partir à New-York afin de découvrir qui est sa mère et surtout changer totalement d'univers, passant des voiles nuageux londoniens au soleil constamment ensoleillé des États-Unis. Un solitaire reveur..